'''Réfléchir, mois par mois ou par saison, à vos utilisations de l'eau de pluie'''
Pour initier ce tutoriel, nous vous proposons de réfléchir à vos besoins en eau de pluie. Ces derniers dépendent de vos projets et de vos usages.
Voici deux exemples de projets bien différents que nous utiliserons dans ce tutoriel :
- une maison où les eaux de pluie seront valorisées toute l'année pour les usages internes (machine à laver, toilettes, arrosage des plantes en intérieur) et en printemps/été pour l'arrosage à l'extérieur.
- un grand potager de 300m² avec une cabane de 30m², et aucun accès à une rivière/lac ou à une nappe souterraine.
Voici ci-après quelques astuces pour réfléchir, mois par mois, à vos besoins en eau :
'''''Première astuce : penser à une année particulièrement "sèche" que vous avez déjà vécue, et à une année particulièrement "humide"'''''
Comme nous allons l'approfondir plus loin, autour d'une moyenne, certaines années sont plutôt sèches avec peu de précipitations (exemple : l'année 2022) et d'autres sont plutôt humides avec des précipitations plus importantes (exemple : l'année 2021). Dans les prochaines décennies, les années "sèches" vont devenir de plus en plus "sèches". Si vous récupérez principalement de l'eau de pluie pour arroser votre potager, vous êtes par exemple invités à penser à un printemps/été particulièrement sec que vous avez déjà vécu, et de réfléchir sur les volumes d'eau qui étaient alors nécessaires en fonction de votre installation.
Si les années particulièrement sèches peuvent nous aider à réfléchir à nos stratégies de stockage, les années particulièrement humides peuvent nous aider à réfléchir à la gestion des excédents (exemple : réseau eaux pluviales, puit d'infiltration, noues d'infiltration, bassin d'infiltration, etc.).
'''''Deuxième astuce : penser stockage sans penser aux citernes'''''
Prenons l'exemple du grand potager de 300m², avec une cabane qui a une toiture de 30m². Nous pourrions penser que, pour installer un système de stockage d'eau de pluie, il faudrait se concentrer sur les 30m² de toiture et installer une citerne à partir de laquelle nous pourrions arroser les végétaux durant les périodes à fort besoin. Sauf que la logique peut être complètement inversée : il est également possible de stocker l'eau de pluie sur les 300m² de sol en augmentant de manière conséquente la capacité du sol à stocker l'eau. Après tout, s'il pleut sur 30m² de toiture, le volume d'eau récupérable est 10x plus conséquent sur 300m² de potager.
L'agroécologie, la permaculture, l'agriculture syntropique, etc. regorgent d'une multitude d'approches pour augmenter la capacité du stockage de l'eau dans les sols. Parmi ces techniques (liste non exhaustive)
- l'incorporation de sources de carbone au sol (exemple : enfouissement de bois décomposé). Ce bois décomposé encouragera non seulement la formation d'humus - élément structurant capable de stocker l'eau - mais agira également comme éponge. Le bois décomposé "absorbe" l'eau et la restitue progressivement (note : il est relativement important que ce bois soit relativement décomposé de manière à ne pas provoquer une ''faim d'azote'')
- l'incorporation de bio charbon dans le sol (voir tutoriel du low tech lab)
- mise en place de couverts végétaux pour augmenter l'infiltration des eaux dans le sol, éviter l'évaporation et créer de la fraicheur
- mise en place de procédés type "keyline design" pour orienter les écoulements de l'eau sur la parcelle
- mise en place de différentes strates de végétaux pour créer un micro-climat sur le potager et remonter l'eau contenue plus en profondeur dans le sol vers le potager
- etc.
'''''<br/>Troisième astuce : les besoins d'utilisation des eaux de pluie dépendent de la consommation en eau des végétaux ou de nos machines'''''
Prenons l'étude de cas d'une maison où les eaux de pluie seront valorisées toute l'année pour les usages internes (machine à laver, toilettes, arrosage des plantes en intérieur) et en printemps/été pour l'arrosage à l'extérieur.
Dans ce cas ci :
- les besoins pour les usages internes sont relativement stables toute l'année, et reposent en grande partie sur l'utilisation de systèmes de stockage comme des citernes.
- les besoins pour les usages externes à la maison (arrosage) sont fluctuants et peuvent, comme nous l'avons vu ci-dessus, être drastiquement diminués en fonction de notre manière de jardiner
Pour la valorisation de l'eau pour les usages internes, la principale utilisation seront les toilettes. Dans l'hypothèse où votre infrastructure serait dimensionnée pour pouvoir résister, une fois pleine, à deux ou trois mois sans pluie, il est également possible sur les deux toilettes de votre maison d'imaginer : une toilette fonctionnant avec l'eau de la citerne et pouvant être alimenté par l'eau potable du réseau au besoin, et une toilette sèche. Ou encore de diminuer le volume d'eau consommé pour la chasse d'eau.
'''''Quatrième astuce : nos besoins en eau dépendent de notre capacité à revaloriser - recycler l'eau sur place'''''
Prenons à nouveau l'étude de cas d'une maison où les eaux de pluie seront valorisées toute l'année pour les usages internes (machine à laver, toilettes, arrosage des plantes en intérieur) et en printemps/été pour l'arrosage à l'extérieur.
Durant la saison estivale, il est par exemple possible de brancher votre sortie de douche sur votre citerne de récupération des eaux, et ainsi la remplir. Une vanne vous permet de choisir, en fonction des produits sanitaires que vous utilisez (shampoing), si vous souhaitez que les eaux de la douche rejoignent la citerne ou non.
Il est également possible de penser son jardin de manière à "cultiver l'eau" sur son terrain. L'agriculture syntropique et l'agroécologie regorgent d'exemples simples où la végétation peut non seulement abaisser la température du potager, mais également provoquer une condensation de l'eau (exemple : rosée) et ne (presque) plus avoir à réaliser un apport d'eau extérieur. , Pour connaître les volumes d'eau mois par mois qu'une toiture peut potentiellement permettre de récupérer, il va nous falloir deux informations :
- la superficie de votre toiture
- les données relatives aux précipitations spécifiques à votre commune
Le ''volume d'eau de pluie potentiellement récupérable, sur un mois'', est théoriquement obtenu en multipliant la ''pluviométrie du mois en question et la'' ''surface de votre toiture''.
#'''Mesurez la superficie de votre toiture (exemple : garage, maison, etc) en m²'''
##Rendez-vous sur le site gratuit https://www.geoportail.gouv.fr/
##Renseignez votre adresse (dans le cas où le site ne connaît pas votre adresse renseignez le nom de votre commune et localisez le bâtiment pour lequel vous souhaitez faire l'estimation)
##Une fois votre maison localisée, mesurez la surface de votre toiture grâce à l'outil "''Mesurer une surface''" (voir photos ci-contre). L'outil est accessible en cliquant sur le symbole "''Outil''", rubrique "''Mesures''", ligne "''Mesurer une surface''".
##Notez la superficie de votre toiture, en m².
##Quelques astuces et notes :
##*Exemple en images (ci-contre) : visualisation de la superficie d'une toiture sur la commune d'Arbois (Jura)
##*La superficie de la toiture utilisée pour le calcul est la superficie équivalente au sol (surface sur laquelle tombe l'eau de pluie) et non la superficie de la toiture en pente. Que votre toiture soit très inclinée ou faiblement inclinée, d'un point de vue récupération d'eaux de pluie, la surface reste la même.
##*si la toiture est composée par deux ou plusieurs parties qui déversent les eaux pluviales dans des gouttières différentes et en fonction de vos projets : il peut être intéressant de faire les calculs pour chaque partie de toiture.
#'''Notez, pour chaque mois, le nombre de mm de pluie "habituel" qui tombe sur votre commune (précipitations)'''
##Rendez-vous sur le site gratuit [https://fr.climate-data.org/ https://fr.climate-data.org]
##Dans l'onglet "''Recherche''" (icône recherche, couleur verte) indiquez votre commune et validez votre saisie
##Rendez vous à la rubrique "Tableau climatique"dans laquelle les précipitations mensuelles sont indiquées
##Notez, pour chaque mois de l'année, le nombre de mm de pluie indiqué. Il s'agit de la ligne "''Précipitations (mm)''"
##Quelques astuces et notes :
##*Exemple en images (ci-contre) : visualisation des données pour la commune d'Arbois
##*Les données auxquelles vous accédez sont des <u>mesures moyennes</u> basées sur le passé. Il n'a jamais exactement plu ce qui est indiqué, car certaines années étaient beaucoup plus sèches et d'autres plus humides. Les données utilisées sont des moyennes. S'il est par exemple indiqué pour le mois de juillet qu'il y a 75mm de précipitations, cela ne signifie pas qu'il a plu 75mm chaque année. Sur un intervalle de 5 ans, il est habituel de dire qu'il y a eu au moins une année sèche, et une année humide. Autrement dit il se peut qu'il n'ait que plu 25mm certaines années, et 125mm d'autres.
##*Les données auxquelles vous accédez sont des <u>mesures</u> moyennes <u>basées sur le passé</u>. A l'étape 4 nous verrons comment prendre en compte les changements climatiques.
##*L'astuce de Laurent Levier du groupe Low-Tech Lab : pour avoir des données encore plus précises il est possible de se rendre sur le site https://weathermap.netatmo.com/. Sur ce site sont accessibles des capteurs de pluie de maisons particulières (cliquez sur l’icône pluie). Cela peut peut fournir une position aux précipitations avec un historique de 3 mois !
#'''Sur la base de ces deux informations, calculez les volumes d'eau de pluie théoriquement récupérables grâce à votre toiture :'''
##Réalisez un tableau simple présentant, mois par mois, les précipitations (en m) et multipliez par la superficie de votre toiture (en m2).
##Notez les résultats. , Imaginons que nous sommes en mai et qu'il pleuve 50mm de pluie sur une toiture de 100m².
Théoriquement, cela devrait permettre de récupérer 5m3 d'eau (0,05m pluie x100 m² toiture).
'''Sauf qu'en réalité de nombreux facteurs entrent en compte et peuvent être pris en compte comme :'''
*l''''inclinaison de la toiture et l'exposition et le vent.''' Sur le groupe Low-Tech Lab, Didvero Garwo nous indique par exemple que chez lui la pluie est principalement récupérée sur le versant sud de sa toiture. Par l'observation et en plaçant des récupérateurs d'eau de part et d'autres des gouttières de la maison, c'est un facteur facile à observer et qui permet de dimensionner des installations de stockage.
*le '''diamètre des tuyaux pour la récupération, et tout particulièrement ceux des collecteurs'''. Ce facteur est important pour dimensionner ses installations. Sur le groupe Low-Tech Lab, Jean Gerard a fait remarquer qu'une bonne récupération impliquerait des tuyaux de récupération de diamètre conséquent (ex : 100mm sur toute la longueur) pour éviter les débordements. Une gouttière ou un tuyau d'arrosage de faible diamètre (ex: <30mm) ne permet par exemple pas de canaliser, sur une toiture conséquente, des fortes précipitations. Jean Gerard nous invite à réfléchir au rendement des connecteurs branchés sur les gouttières, car ceux trouvés dans le commerce sont de très faible rendement. Il nous partage le lien d'un exemple de collecteur de meilleur rendement : [https://bricolou.com/review/collecteur-deau-de-pluie-premier-tech-aqua-gmbh/?fbclid=IwAR3Bxj-0C6MJFFKZ-nSczvHvsAVUj2WLgXocF8x1jhECjhs5YmJyZy3UGA4 cliquez ici].
*les '''matériaux de la toiture.''' Ces matériaux vont par exemple influencer l'évaporation ou l'absorption. Si nous sommes en août et que les tuiles sont brûlantes, des fines précipitations ne pourront pas être récupérées.
*etc.
+,
…