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Tutorial de Thomas Wolff | Catégories : Habitat, Eau
L'eau de pluie peut être valorisée de nombreuses manières. Ce tutoriel vous permettra de vous questionner sur la manière de stocker l'eau et d'avoir une idée précise des volumes d'eau qu'il est possible de récupérer grâce à une toiture (exemple : toit de maison, garage, cabanon, etc.). Vous serez également invités à explorer les prévisions climatiques pour les prochaines décennies, pour dimensionner votre système de récupération d'eau.
L'eau de pluie peut être valorisée de nombreuses manières. Ce tutoriel vous permettra de vous questionner sur la manière de stocker l'eau et d'avoir une idée précise des volumes d'eau qu'il est possible de récupérer grâce à une toiture (exemple : toit de maison, garage, cabanon, etc.). Vous serez également invités à explorer les prévisions climatiques pour les prochaines décennies, pour dimensionner votre système de récupération d'eau.
stockage, eau, eau de pluie, récupération
Ce tutoriel permet
- de se questionner sur la manière de stocker l'eau en dehors de citernes
- de se faire une idée des volumes d'eau qu'il est potentiellement possible de récupérer grâce à une toiture
- d'approfondir la manière dont les précipitations et températures vont évoluer (changements climatiques), sur votre secteur, au cours des prochaines décennies.
Un ordinateur avec une connexion internet.
https://geoportail.gouv.fr (site gratuit - visualisation des données géographiques)
https://fr.climate-data.org (site gratuit - visualisation des données pluviométrie)
https://drias-climat.fr (site gratuit - visualisation des projections climatiques GIEC-MétéoFrance)
Réfléchir, mois par mois ou par saison, à vos utilisations de l'eau de pluie
Pour initier ce tutoriel, nous vous proposons de réfléchir à vos besoins en eau de pluie. Ces derniers dépendent de vos projets et de vos usages.
Voici deux exemples de projets bien différents que nous utiliserons dans ce tutoriel :
- une maison où les eaux de pluie seront valorisées toute l'année pour les usages internes (machine à laver, toilettes, arrosage des plantes en intérieur) et en printemps/été pour l'arrosage à l'extérieur.
- un grand potager de 300m² avec une cabane de 30m², et aucun accès à une rivière/lac ou à une nappe souterraine.
Voici ci-après quelques astuces pour réfléchir, mois par mois, à vos besoins en eau :
Première astuce : penser à une année particulièrement "sèche" que vous avez déjà vécue, et à une année particulièrement "humide"
Comme nous allons l'approfondir plus loin, autour d'une moyenne, certaines années sont plutôt sèches avec peu de précipitations (exemple : l'année 2022) et d'autres sont plutôt humides avec des précipitations plus importantes (exemple : l'année 2021). Dans les prochaines décennies, les années "sèches" vont devenir de plus en plus "sèches". Si vous récupérez principalement de l'eau de pluie pour arroser votre potager, vous êtes par exemple invités à penser à un printemps/été particulièrement sec que vous avez déjà vécu, et de réfléchir sur les volumes d'eau qui étaient alors nécessaires en fonction de votre installation.
Si les années particulièrement sèches peuvent nous aider à réfléchir à nos stratégies de stockage, les années particulièrement humides peuvent nous aider à réfléchir à la gestion des excédents (exemple : réseau eaux pluviales, puit d'infiltration, noues d'infiltration, bassin d'infiltration, etc.).
Deuxième astuce : penser stockage sans penser aux citernes
Prenons l'exemple du grand potager de 300m², avec une cabane qui a une toiture de 30m². Nous pourrions penser que, pour installer un système de stockage d'eau de pluie, il faudrait se concentrer sur les 30m² de toiture et installer une citerne à partir de laquelle nous pourrions arroser les végétaux durant les périodes à fort besoin. Sauf que la logique peut être complètement inversée : il est également possible de stocker l'eau de pluie sur les 300m² de sol en augmentant de manière conséquente la capacité du sol à stocker l'eau. Après tout, s'il pleut sur 30m² de toiture, le volume d'eau récupérable est 10x plus conséquent sur 300m² de potager.
L'agroécologie, la permaculture, l'agriculture syntropique, etc. regorgent d'une multitude d'approches pour augmenter la capacité du stockage de l'eau dans les sols. Parmi ces techniques (liste non exhaustive)
- l'incorporation de sources de carbone au sol (exemple : enfouissement de bois décomposé). Ce bois décomposé encouragera non seulement la formation d'humus - élément structurant capable de stocker l'eau - mais agira également comme éponge. Le bois décomposé "absorbe" l'eau et la restitue progressivement (note : il est relativement important que ce bois soit relativement décomposé de manière à ne pas provoquer une faim d'azote)
- l'incorporation de bio charbon dans le sol (voir tutoriel du low tech lab)
- mise en place de couverts végétaux pour augmenter l'infiltration des eaux dans le sol, éviter l'évaporation et créer de la fraicheur
- mise en place de procédés type "keyline design" pour orienter les écoulements de l'eau sur la parcelle
- mise en place de différentes strates de végétaux pour créer un micro-climat sur le potager et remonter l'eau contenue plus en profondeur dans le sol vers le potager
- etc.
Troisième astuce : les besoins d'utilisation des eaux de pluie dépendent de la consommation en eau des végétaux ou de nos machines
Prenons l'étude de cas d'une maison où les eaux de pluie seront valorisées toute l'année pour les usages internes (machine à laver, toilettes, arrosage des plantes en intérieur) et en printemps/été pour l'arrosage à l'extérieur.
Dans ce cas ci :
- les besoins pour les usages internes sont relativement stables toute l'année, et reposent en grande partie sur l'utilisation de systèmes de stockage comme des citernes.
- les besoins pour les usages externes à la maison (arrosage) sont fluctuants et peuvent, comme nous l'avons vu ci-dessus, être drastiquement diminués en fonction de notre manière de jardiner
Pour la valorisation de l'eau pour les usages internes, la principale utilisation seront les toilettes. Dans l'hypothèse où votre infrastructure serait dimensionnée pour pouvoir résister, une fois pleine, à deux ou trois mois sans pluie, il est également possible sur les deux toilettes de votre maison d'imaginer : une toilette fonctionnant avec l'eau de la citerne et pouvant être alimenté par l'eau potable du réseau au besoin, et une toilette sèche. Ou encore de diminuer le volume d'eau consommé pour la chasse d'eau.
Quatrième astuce : nos besoins en eau dépendent de notre capacité à revaloriser - recycler l'eau sur place
Prenons à nouveau l'étude de cas d'une maison où les eaux de pluie seront valorisées toute l'année pour les usages internes (machine à laver, toilettes, arrosage des plantes en intérieur) et en printemps/été pour l'arrosage à l'extérieur.
Durant la saison estivale, il est par exemple possible de brancher votre sortie de douche sur votre citerne de récupération des eaux, et ainsi la remplir. Une vanne vous permet de choisir, en fonction des produits sanitaires que vous utilisez (shampoing), si vous souhaitez que les eaux de la douche rejoignent la citerne ou non.
Il est également possible de penser son jardin de manière à "cultiver l'eau" sur son terrain. L'agriculture syntropique et l'agroécologie regorgent d'exemples simples où la végétation peut non seulement abaisser la température du potager, mais également provoquer une condensation de l'eau (exemple : rosée) et ne (presque) plus avoir à réaliser un apport d'eau extérieur.
Pour connaître les volumes d'eau mois par mois qu'une toiture peut potentiellement permettre de récupérer, il va nous falloir deux informations :
- la superficie de votre toiture
- les données relatives aux précipitations spécifiques à votre commune
Le volume d'eau de pluie potentiellement récupérable, sur un mois, est théoriquement obtenu en multipliant la pluviométrie du mois en question et la surface de votre toiture.
Imaginons que nous sommes en mai et qu'il pleuve 50mm de pluie sur une toiture de 100m².
Théoriquement, cela devrait permettre de récupérer 5m3 d'eau (0,05m pluie x100 m² toiture).
Sauf qu'en réalité de nombreux facteurs entrent en compte et peuvent être pris en compte comme :
Pour réaliser cette étape du tutoriel, vous avez deux options :
- Option 1 : comprendre les évolutions à venir sur les précipitations et partir de ce raisonnement pour la récupération d'eau chez soi (facile)
- Option 2 : visualiser les données climatiques sur votre secteur à partir des outils mis à disposition par le GIEC / MeteoFrance (difficulté moyenne-difficile).
Option 1 : Comprendre les évolutions à venir sur les précipitations et partir de ce raisonnement pour la récupération d'eau chez soi
Pour cette étape, nous allons raisonner en périodes comme par exemple : la période 2015-2025, la période 2030-2040, ou encore la période 2050-2060.
Voici plusieurs "pépites" :
Comprendre l'évolution des précipitations
Option 2 : Utiliser le site https://drias-climat.fr qui permet de visualiser les données climatiques produites par le GIEC / MétéoFrance / CERFACS / etc.
Nous cherchons à nous faire une idée de l'évolution du nombre de mm de pluie qui va tomber en fonction de chaque saison.
Les données climatiques nous renseignent sur les tendances.
Réalisez la démarche vous-même à partir de http://drias-climat.fr/decouverte . Les paramétrages utilisés pour l'exemple sont présentés dans l'image 2 ci-contre).
Pour lire les cartes.
Analyse saisonnière :
L'exemple pris concerne une zone du Jura. Sur le Jura, grâce à cette visualisation, il est possible de voir apparaître les tendances. Dans mon cas cela donne :
Aussi, couplé aux éléments vus dans la rubrique "Comprendre les évolutions à venir sur les précipitations et partir de ce raisonnement pour la récupération d'eau chez soi", les tendances sont les suivantes :
- des printemps plus chauds où les températures peuvent faire apparaitre des précipitations intenses et plus fortes. Il se peut que ses précipitations soient parfois rapprochées de la période hivernale et qu'elles soient suivies par des périodes sans pluie.
- des étés plus chauds et secs avec des épisodes pluvieux plus intenses. C'est particulièrement à cette période que nous utilisons le plus d'eau de pluie que nous récupérons.
- des automnes plus chauds avec des épisodes pluvieux plus intenses.
- des hivers plus chauds et peut être même plus humides.
Éléments potentiellement intéressants visualisables avec Drias-Climat sur cette thématique :
- moyenne du cumul des précipitations (mm), par saison
- moyenne du nombre de jours de fortes précipitations (plus de 2cm de précipitations / jour)
- moyenne du nombre de jours sans pluie (moins de 1mm)
Rappel :
- Les données que vous visualisez sont des estimations de moyennes. Autrement dit : autour de ces moyennes il y aura des années plus humides, et des années plus sèches.
- Les estimations climatiques donnent une idée de tendances, et non de données précises.
Des remerciements particuliers :
- pour leurs retours d'expériences et réflexions sur le groupe Low Tech Lab : Jean-Gerard, Didvero Garwo, Laurent Levier, Raphael Pino
- pour l'illustration sur la récupération : Chamboune Chrane
- pour la photo des toits : Eyram Ds
- pour la mise à disposition publique des données : les équipes des projets Climsec et Drias Climat
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