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− | |Introduction=La fibre d’ortie a été utilisée régulièrement au cours de l’histoire. Ses utilisations sont multiples | + | |Introduction=La fibre d’ortie a été utilisée régulièrement au cours de l’histoire. Ses utilisations sont multiples puisqu’elle permet de créer des tissus résistants et doux, du cordage, du rembourrage, du papier, tout types d’objets ou de créations à base de fibres. L’avantage de l’ortie est de pouvoir récolter sans avoir à cultiver sur une surface agricole, récolter chez vos voisins en expliquant votre projet peut être très convivial ! C’est une fibre naturelle très douce, dont le diamètre avoisine 20 microns, à titre de comparaison, des laines épaisses peuvent faire jusqu’à 30-35 microns d’épaisseur. La longueur d’une fibre d’ortie peut varier de 5 à 15 cm (la fibre de coton fait entre 2 et 5 cm), idéale pour être transformée en fil fin et solide. |
− | + | ====Résumé de la méthode :==== | |
− | + | Il s’agit de cueillir des orties, d’enlever les feuilles, de les laisser 3 semaines dans son jardin, de les décortiquer pour récupérer la filasse qui sera cuite dans de l’eau et de la cendre, puis rincée pour obtenir une belle fibre blanche. | |
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Tutorial de Jibe-b | Catégories : Matériaux
Extraction de la fibre d'ortie
Extraction de la fibre d'ortie
fibre, textile
-un fagot de tiges d'orties, les plus grandes possible, les mois de mai/juin sont la période idéale car
la tige de l’ortie est grande, mais ne s’est pas encore subdivisée en petites tiges latérales. Une ortie
qui s’est déjà subdivisée en petites tiges latérales peut demander trop de temps de décorticage, et
une ortie qui a roui durant l’hiver aura des fibres courtes. Mais pour un premier essai, essayez avec
ce que vous avez de disponible.
-deux "tapis" en nattes de bambou. (on trouve aussi des rideaux en nattes de bambou) de au moins 1
mètre de côté.
-de la cendre de cheminée, de feu de bois, la plus uniforme et claire possible, retirer les morceaux
charbonneux.
-de la ficelle ou fil épais.
-une passoire fine, ou tamis de moins de 1mm de maille.
-un poinçon en bois de vannier, une baguette chinoise solide ou un morceau de bois dur taillé en
pointe fine.
-un ustensile résistant à la chaleur pour mettre la filasse d’ortie chaude dans un contenant d’eau
(pinces en bois, métal ou approchant).
-un embout de tuyau d'arrosage qui fait l'option jet plat (embout diffuseur à jet plat/pulvérisateur).
Cela permet de créer un "rideau" d'eau sous pression (la pression du robinet suffit).
-Un contenant pour la cuisson (vieille casserole qui ne servira plus pour la cuisine) Une casserole
de petit diamètre peut s’utiliser pour de petites quantités, une casserole avec un diamètre plus large,
voire une casserole à poissons (de forme allongée) peuvent s’utiliser pour des quantités un peu plus
importante. Utiliser d’abord une casserole petite ou moyenne pour vous familiariser avec la
technique.
-Une bassine large, résistant à la chaleur de préférence, qui peut contenir les tiges d’orties dans la
longueur. (entre 50 cm et 1m50 environ).
-un tissu fin (voilage, tulle, rideau fin ou moustiquaire).
-quelques chiffons propres.
-des gants et un masque de protection.
-Un pilon ou un bout de bois allongé (environ 40cm) avec un embout plat (scié de manière
régulière) ou embout permettant de séparer les fibres.
Prendre autant de tiges d'orties que souhaitées (se limiter à un petit fagot au début, pour tester). On
récolte l’ortie en se protégeant autant que possible et en faisant attention. Utiliser un sécateur, des
gants, voire d’autres types de protection (lunettes, couvre-chef,..). Les piqûres d’orties sont
superficielles et disparaissent au bout de 48h environ. (Dans de rares cas, si des rougeurs persistent
plus de 48h, ou que vous vous sentez mal, vous faites peut-être une allergie ou une réaction,
consultez un professionnel de santé). Les tiges doivent être sans feuilles et les plus droites
possibles. Retirez les tiges trop fines, petites, cassées, tordues, etc...
Le fagot (groupe de tiges) doit faire entre 5 et 10 cm de diamètre, pas davantage, sinon les tiges
risquent de mal rouir.
Mettez les tiges en petits fagots et laissez les 'rouir en plein champ' c’est-à-dire dans l’herbe, l'un
des côtés légèrement surélevé par une brique ou une pierre. Rouir signifie laissé à l'action du soleil,
de la rosée et de la pluie.
Mais attention, plus de 24h de pluie ou humidité excessive peuvent faire moisir vos tiges, rentrez-
les au sec dès le moindre doute! Vous pouvez laisser vos tiges dans un endroit où vous passez
régulièrement pour vérifier leur état, contre un mur extérieur par exemple.
La durée approximative d'un rouissage en plein champ est de 3 semaines. La fonction du rouissage
est de commencer le travail de dégradation de la matière organique qui emprisonne les fibres, grâce
à l’action de bactéries naturellement présentes dans l’environnement. Vos tiges sont bien rouies
quand une couleur jaune/brun clair a coloré vos tiges sur toute la longueur ou une grande partie de
la tige. Au bout de 3 semaines, séchez bien vos tiges. Enlever l'excès d'humidité avec un chiffon
propre si nécessaire, et mettre dans une pièce chauffée, sur des tréteaux par exemple, ou sur une
surface qui favorisera le séchage. Vous pouvez aussi les suspendre à une poutre en hauteur par petits
fagots si cela est possible, pour gagner le la place (la chaleur d’une pièce s’accumule davantage près
du plafond). Ainsi, les tiges sèches peuvent se conserver des mois, voire des années avant d’être
transformées.
Il s’agit de transformer la tige d’ortie en deux éléments distincts : la filasse (l’extérieur de la tige qui
contient les fibres) et la chènevotte (le bois interne de la tige, qui sert à faire des copeaux, du
paillage, de la litière,etc...) .
Immerger les tiges dans l'eau pendant 24h dans la bassine. Si le sommet des tiges dépasse de la
bassine vous pouvez les écourter un peu : le sommet est de toute façon moins fibreux que la base.
Vous pouvez mettre un objet avec un peu de poids pour que les tiges restent immergées. Les tiges
sont ensuite prêtes à être décortiquées. Vous pouvez poser votre contenant avec les tiges dans l’eau
sur votre espace de travail. Si votre contenant est trop lourd à cause du poids de l’eau, videz l’eau et
recouvrez les tiges d’un ou deux chiffons humides.
On les ouvre dans la longueur en se servant du pinçon ou de la baguette chinoise : Toujours la
pointe à l'extérieur de soi, vers le bas, ne forcez jamais sur votre poinçon en direction de soi ou de
quelqu’un, procédez avec ordre et lenteur au début, en insérant la pointe dans la base de la tige, en
immobilisant fermement le poinçon pointe vers le sol et en agrippant doucement avec son autre
main la base de la tige d'ortie afin qu'elle s'ouvre petit à petit sur toute la longueur. On ouvre et on
décortique dans la foulée chaque tige humide. Pour décortiquer, on prend la tige que l'on aura
ouverte, aplatie et lissée, le bois de la tige vers le haut et la filasse vers le bas. On casse le bout de
bois à quelques centimètre de base de la tige, sans casser la filasse. On peut froisser un peut la base
de la tige pour faciliter l’opération. On attrape la filasse et on tire doucement, en se servant de ses
ongles pour bien prendre la majorité des fibres à chaque segment de tige. Ne vous préoccupez pas
de récupérer 100 % de la filasse, restez méthodique, vous récupérez la majeure partie la filasse sur
chaque tige avec un peu d’expérience.
Bientôt, vous aurez deux tas: un tas de copeaux d'ortie, et un tas de filasse d'ortie.
Prenez votre cendre et observez attentivement : elle doit être fine et claire.
Tamiser finement la cendre permet d'éviter des petits débris carbonisés qui vont venir se mélanger à
votre fibre sous la forme de particules noires. Utiliser la passoire (ou le tamis) et la bassine pour
tamiser. Attention à ne pas respirer la cendre fine, porter un masque de protection et réaliser cette
opération à l’abri du vent. Mettre la cendre dans une casserole avec la filasse. Ajouter de l’eau. Il
doit y avoir environ 50 % d’eau et 50 % de cendre en volume. En cas de doute, mettre un peu moins
de cendres que d’eau et rajouter en cours de cuisson. Procéder au mélange petit à petit.
On fait cuire à petits bouillons 1/4 d'heure dans une pièce aérée, puis on teste pour voir si la filasse
est bien cuite: on prend avec un ustensile de la filasse (attention c'est chaud!) et on presse la filasse
avec un ustensile, si la filasse se gélifie en libérant les fibres, cela veut dire que c'est prêt pour le
rinçage! Sinon, laisser cuire 15 min de plus. Si cela ne fonctionne toujours pas après plus de 30 min
de cuisson, il n'y a peut-être pas assez de cendre dans votre mélange. La cendre cuit la matière
organique entre les fibres d’ortie et la rend très souple. Vous pouvez utiliser votre pilon ou morceau
de bois à bout plat pour favoriser ce processus.
Pour le rinçage, deux options s’offrent à vous :
Option 1 : Prenez un ustensile ou des gants pour placer la filasse encore chaude de la cuisson dans
une bassine d’eau. Dissipez au maximum, avec votre pilon ou morceau de bois plat, la fibre dans
l’eau sans l’emmêler, en pressant doucement les fibres contre le fond de la bassine. Vous pouvez
aussi le faire à la main pour un travail plus fin. Vous pouvez cuire et baigner ainsi plusieurs fois
votre fibre jusqu’à obtention d’un résultat satisfaisant. Attention! si vous rincez une filasse qui a
trop refroidi, elle ne se rincera plus aussi facilement et il y aura des résidus de matière végétale dans
votre fibre. Il faut alors cuire à nouveau la fibre dans la cendre. La filasse se ramollit dans la
chaleur, l’eau et la cendre, et se re-durcit au contact de l’air libre...
Il faut avoir un bon timing et passer de la casserole à la bassine d’eau claire plutôt rapidement :
placer ces deux contenants proches l’un de l’autre.
Option 2 : Ou placez vos nattes de bambou à l'endroit où vous voulez rincer votre fibre: jardin,
évacuation d'eau, évier,... Pas trop loin pour éviter qu’elle refroidisse trop. Vous devez placer deux
nattes l'une sur l'autre en décalant l'une des deux à 45 degrés pour éviter aux fibres de se dissiper
dans les interstices des nattes lors du rinçage. Vous pouvez placer 3 ou 4 couches de nattes de
bambou par sécurité, ou replier les nattes sur elles-mêmes si elles sont très grandes.
Puis, prenez un ustensile pour placer délicatement la filasse encore chaude de la cuisson sur votre
natte de bambou, et rincez immédiatement. Rincez d'abord à une distance de un mètre pour
apprécier la puissance du jet (jet plat) en commençant par le haut de la filasse, en étant bien
perpendiculaire par rapport au plan de travail. Cela donne l'impression de dissiper totalement la
filasse mais les fibres sont là, blanches et rendues presque invisibles par l'eau! Vous pouvez vous
assurer de la présence des fibres en pinçant et en grattant les lattes de bambou après un peu de
rinçage. Il faut procéder doucement, en rinçant par petits à-coups, de haut en bas, attention de ne
pas rincer sur le côté: cela va entraîner la fibre et l'emmêler sur elle-même, voire la faire sortir du
plan de travail! Réguler la pression du jet et rincer la matière fibreuse. Vous pouvez mettre le
mélange cendre/eau qui a servi à la cuisson au compost, ou le filtrer au dessus de l’évier dans un
morceau de tulle, de moustiquaire pour jeter la cendre à la poubelle.
Après un bon rinçage, la filasse se transforme petit à petit en belles fibres claires. Vous pouvez
plonger les nattes de bambou avec les fibres dans une bassine d’eau pour que les fibres se détachent
de la natte et aillent dans l’eau. Vos fibres sont prêtes !
Vous pouvez choisir de les laisser dans l’eau pour les transformer directement (voir ci-dessous) ou
de les sortir et de les laisser sécher en fine couche sur un tissu fin, à l’air libre ou au sèche cheveux.
Séparer les fibres sèches à la main puis les carder (à l’aide de cardes à main) vous permettra d’aérer
la fibre et d’obtenir une matière similaire à du coton. Bluffant !
Vos fibres étant dans l’eau, vous pouvez directement faire du papier avec : de nombreux tutoriels
expliquent comment faire.
Vous pouvez feutrer la fibre pour créer de magnifiques chapeaux, moufles et formes fantaisies...
Vous pouvez la faire transformer en fil par des mini-filatures ou demander à un.e artisan.e
fileur.euse de la transformer pour vous, et apprendre à filer.
La fibre d’ortie a une haute teneur en cellulose et tient très bien la teinture : des artisan.es en
teinture végétales peuvent rendre vos créations multicolores !
Une fois transformée en fil vous pourrez tisser vos fils d’ortie et les transformer en splendides
vêtements...
La fibre en elle-même, le fil, le tissu d’ortie ou les créations en ortie ont beaucoup de valeur et se
vendent très bien, tout comme la fibre longue de chanvre ou de lin. Et le lin est reconnu
mondialement pour ses fibres de première qualité ! À vous de vous laisser emporter par votre
imagination...
Auteur : Pierre-Alexis Lautel-Tözge
Page facebook: Ortissage
Groupe facebook international sur l’ortie : Nettles for textiles
Licence Creative Commons
Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions CC BY-SA
Licence déposée le : 23/05/2019
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